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La dernière fois que j'ai touché tes mains
Je m'en souviens.
Elles étaient froides
Elles étaient froides et belles
Je les aimais tes mains
Aux larges pouces
Aux ongles plats et durs comme la nacre
Tu étais dans tes mains, tout entier dans tes mains
Avant qu'elles ne soient froides
Les veines nombreuses et bleues
Dessinaient une vie
Remontant à la source
Quelque part en Espagne
Ce sang qui cogne en moi
C'est le sang de papa
Le manque
C'est beau un arbre en fleurs
Mais ça ne suffit pas
Il y a bien les montagnes
Et leurs sommets blanchis
Comme les vieux d'avant
Avec leurs cheveux blancs
Sans âge couverts de plis
De sillons, de printemps
Il y a bien le soleil qui mûrit les raisins
Et aussi l'océan
Et aussi les enfants
Mais ça ne suffit pas
Il y le sentiment
La belle au bois dormant
L'amour de mes vingt ans
Qui ne me quitte pas
Mais ça ne suffit pas
Il y a ce qui manque
Que je ne nomme pas
Et qui ne s'appelle pas
Profond comme l'océan
Brûlant comme un soleil
C'est au centre de moi
Tout en étant pas là
Présent comme une absence
Comme quand tu t'en vas
ça me manque et pourtant
ça ne m'appartient pas
Si un jour au réveil
Le manque n'est plus là
J'en suis vraiment certain
Quelque chose manquera
Wanda la polonaise
Pas de son pas d'image
Black-out total
Mais quel partie de moi
Se nourrit de là-bas?
L'image d'un ghetto
Me fait froid dans le dos
Je visionne des bois
Il manque de la joie
C'est sans doute un pays
Que je ne verrai pas
Et pourtant il agit
Tout au tréfonds de moi
Wanda la polonaise
Que j'appelais tata
Portait dedans son nom
Doubles "v" et un "k"
Tout comme le zloti
Parle de Cracovie
J'entends la mazurka
Que c'est loin Wieliczka
C'est vrai j'aime Chopin
Et je n'aime que lui
J'aime les polonaises
Garnies de fruits confits!
Un, deux et puis trois
Je compte jusqu'à trois
Et puis je disparais
Comptez donc avec moi
ça m'aidera je crois
Je dis un
Je dis deux
Et enfin je dis trois...
Encore pour cette fois
C'est râté je le crois
Je commence à douter
D'un jour y arriver
Novembre 2013, à Bruxelles
Le bouquet d'oiseaux
Je voulais t'offrir ce même bouquet d'oiseaux
Vu dans une vitrine quelque part à Bruxelles
Ce jour de novembre quand la neige tombait
J'ai marché, marché, marché
Autant que tu l'avais aimé, aimé
Dans un bouquet de rues je me suis bien perdu
En novembre en Belgique la nuit est bien pressée
Trois créatures louches projetaient sur le pavé
Une ombre, une ombre commune, envahissante
Dans laquelle je me fondais, malgré moi
Un enfant sortant d'une ruelle
Sautait d'un pied sur l'autre
Chantant une comptine et son rire en cascade
Joyeux et lumineux bouscula la noirceur
De l'ombre menaçante
Comme un soir de pleine lune la vitrine s'éclaira
Le bouquet était là
Le premier pas qui compte
En marchant je comptais
Je comptais pour compter
C'était une habitude
Et ce que je comptais
Ce n'était pas mes pas
Ce n'est pas si facile
Alors donc je marchais
Parfois à contretemps
Parfois dans la mesure
Et là une syncope
Et puis deux petits pas
Comme une double-croche
Je marchais en comptant
Autre chose que mes pas
Pas vraiment autre chose
Car je ne comptais rien
Dans ma tête je disais
Un et deux et puis trois
Quatre, cinq, six et sept
J'appelais tous les chiffres
Jusqu'au bout de ma marche
C'était une habitude
Pour ne pas trop penser
A des choses un peu tristes
A des choses insensées
Parfois même dangereuses
Je préférais compter
Une toile un pinceau et une idée qui passe
Si jamais elle repasse, je me l'approprierai
Si parfois je m'ennuie, jamais je ne me lasse
De regarder le monde d'un oeil un peu distrait
Cette idée là me plaît, je la fixe d'un trait
Doù vient-elle, je n'sais pas, je crois qu'elle vient de moi
Si ce n'est pas le cas, elle ne manque pas d'attrait
Elle a su me séduire, déclencher mon émoi
Et moi je suis comme ça quand un idée m'attire
Je ne peux résister il faut que je la suive
Pour voir où elle m'emmène et jusqu'où elle m'inspire
Parfois ça va très loin et jusqu'à la dérive
Une idée c'est pas rien, en tout c'est un début
Avez-vous déjà vu un monde sans idée?
Mon esprit affamé est sans cesse à l'affût
Pour faire un bon dessin je ne pars pas de rien
C'est vrai je ne peins pas pour occuper mon temps
Sans l'ombre d'une idée je resterais couché
A quoi bon se lever si manifestement
Nous vivions seulement de divertissements
copyright Richard Villoria